Liane Collot d’Herbois 1907-1999

Quelques éléments biographiques

Liane peignant une fresque à Clent. Angleterre
Liane à Clent
Liane et Ita Wegman à Arlesheim. Suisse
Liane, Francine et le couple de médecin Hauschka en vacances en Alsace
Liane et Francine à Londres
Liane Collot d’Herbois en conférence

Qui était cette femme, cette individualité hors du commun, qui nous a laissé plus de 1800 peintures, pastels, fresques et aquarelles et un enseignement visionnaire à  la fois au niveau de l’art et de la thérapie ?
Née en 1907, à  Camelford, à  côté de Tintagel en Cornouailles, d’une mère écossaise et d’un père français, c’est une enfant très solitaire qui passe des heures dans l’atmosphère mouvante et changeante du bord de l’océan atlantique. Elle y vit chez sa grand-mère et passe ses journées en promenades et à dessiner.
Vers 8 ans, suite à une grave maladie, elle passe tout près de la mort.
A 11 ans, elle vend déjà  ses premiers dessins.
A 17 ans, elle entre à  l’Académie d’art de Birmingham et y reçoit à  20 ans, comme premier prix, une bourse et la clef du British Museum de Londres. Cette clef lui permet d’y entrer nuit et jour pour étudier et copier les grands Maîtres de la peinture. Elle gagne sa vie en dessinant dans des maisons de couture et c’est aussi à  cette période qu’elle dessine l’un des anges symboles des voitures Rolls Royce.
C’est là  qu’elle s’intéresse à  la spiritualité et au Bouddhisme.
Très vite elle est conviée à donner des conférences sur le Bouddhisme à  l’Université. Après une de ces conférences, elle rencontre la Science Spirituelle de Rudolf Steiner par l’intermédiaire d’un de ses auditeurs. Cela marque un tournant décisif dans sa recherche spirituelle et une voix intérieure la guide vers le monde des enfants handicapés et en difficulté.
C’est là  qu’elle découvre que les travaux de peinture avec ces enfants lui donnent accès à un diagnostic et à  une possibilité de les aider par la couleur. Malgré son jeune âge, elle est absolument sûre de ses capacités et elle peut même guider les éducateurs dans leur travail auprès des enfants.
A 21 ans, elle part à Glent, à  « Sunfield »,  dans un institut de pédagogie curative et y travaille pendant sept années comme éducatrice, abandonnant la peinture pendant trois ans. Elle y reste jusqu’en 1935. Elle y rencontre le Dr Hilma Walter, de nationalité allemande et le Dr Ita Wegman, de nationalité hollandaise, collaboratrice directe de Rudolf Steiner en matière médicale. Ce médecin qui comprend immédiatement la mission de Liane et l’enjoint de reprendre la peinture, sera la personnalité la plus marquante de sa vie. C’est avec elle que Liane va commencer à  créer des liens entre la couleur, l’être humain et le spirituel.
C’est aussi à cette époque qu’elle reçoit une imagination puissante qui est à la fois une réponse grandiose à  ses questionnements et le commencement d’une immense recherche.
« Cela advint comme une illumination soudaine : je vis le mouvement des couleurs en lumière et ténèbres et je réalisais alors : c’est l’être humain. »
Elle a autour 28 ans quand le Dr Ita Wegman l’appelle chez elle à  Paris où elle restera trois ans et accompagnera un projet de mise en place d’une clinique avec un groupe de russes. Elle y donne aussi des cours de peinture et organise des « visites guidées de Paris » pour gagner sa vie.
La guerre les chasse de Paris et met fin à leur projet de clinique. Elle suit le Dr Ita Wegman à  Arlesheim, puis à  Ascona, en Suisse, comme peintre, avec comme mission d’essayer de faire des tableaux porteurs de guérison et aussi de développer la thérapie artistique. Aucun des tableaux sortant de son atelier ne le fait sans l’accord du Dr Ita Wegman qui lui donne des indications dans ce sens.
Ita Wegman meurt en 1943. Liane a alors 36 ans et peint la magnifique fresque au-dessus du tombeau de son amie, encore visible aujourd’hui dans la chapelle de la Motta à  Ascona.
A 39 ans, en 1946, la guerre est finie et Liane part pour la Hollande où elle espère pouvoir travailler dans une école. Mais cela ne se fait pas et elle continue de vivre de son travail de peintre. Elle y restera pendant 53 ans, jusqu’à  sa mort.
A 44 ans, elle rencontre une autre femme peintre, Francine van Davelaar, qui détruit son propre travail et décide de consacrer sa vie à  accompagner la recherche picturale de Liane Collot d’Herbois. Ensemble elles font des recherches sur la notion de métamorphose, sur l’activité de la lumière, des ténèbres et de la couleur en relation avec la constitution humaine. Elles cherchent surtout à donner une base scientifique et objective à leur recherche. Liane continue de peindre et de vivre de son travail de peintre. A cette époque elle reçoit beaucoup de commandes de fresques et de grands tableaux, en particulier pour des lieux de vie pour handicapés.
A 54 ans, en 1961, Liane et Francine reçoivent une demande de cours par un petit groupe qui prend le nom de « Magenta » et qui se réunit de manière régulière en Hollande. Bien vite les demandes affluent du monde entier et, pendant 33 ans, ces deux femmes vont multiplier leurs activités d’enseignement partout dans le monde pour partager leur recherche sur les lois objectives de la couleur, de la lumière et des ténèbres.

La nécessité de donner une forme écrite à  cet enseignement se révèle de plus en plus.

A 72 ans, en 1979, paraît en anglais la première partie du livre « Colour », puis en 1981 la seconde partie.
A 73 ans, en 1980, le destin met Liane en situation de reprendre son activité thérapeutique avec un médecin qui reconnaît immédiatement la valeur et la pertinence de son jugement. Il se forme alors un nouveau groupe composé de médecins et de thérapeutes artistes. Ce groupe va travailler jusqu’en 1985.

Une nouvelle forme de thérapie est née, une thérapie individuelle qui inclut le corps, l’âme et l’esprit.

En 1984, Francine décède brutalement, laissant Liane très seule. Pendant 33 années Francine avait en effet pris en charge toute la vie pratique pour permettre à  Liane de se consacrer entièrement à  la peinture. Une des pertes les plus importantes pour elle était au niveau de leurs échanges spirituels, d’autant qu’il n’y avait pas beaucoup de personnes pour comprendre vraiment son travail.
Dès 1981 les cours thérapeutiques sont enregistrés et retranscrits par Margreet Meyer. Puis ces documents sont repris avec Liane pendant 7 ans pour leur donner la forme actuelle du livre de thérapie : « Lumière, ténèbres et couleur. Thérapie par la peinture », paru en anglais en édition numérotée en 1989, en anglais et en allemand en 1993 et en français en 1997.

Peu à  peu Liane, qui s’approche des 80 ans, réduit son activité d’enseignement de groupe. Par contre, surtout grâce à la parution de ses livres, son rayonnement s’intensifie et elle reçoit chez elle de manière continue des médecins, des peintres et des thérapeutes pour des indications ponctuelles et individuelles.
A 85 ans, en 1992, elle passe l’été encore une fois chez son amie aux USA.
A 89 ans, le 17 septembre 1996, elle vient deux semaines aux Ateliers du Présent à Chatou, près de Paris, où elle est reçue avec enthousiasme et où elle donne encore des conférences pour un public de 150 médecins, thérapeutes, artistes et pédagogues.
A l’occasion de ses 90 ans, une exposition est organisée en son honneur au Goetheanum en Suisse.
Elle continue à développer sa recherche artistique et thérapeutique jusqu’à  sa mort, à 92 ans, exactement trois années après sa visite aux Ateliers du Présent, le 17 septembre 1999.

Mais, comme l’a dit Liane elle-même, son travail était celui d’une pionnière et il reste encore beaucoup d’éléments à rassembler, à analyser, à confirmer et à archiver, à approfondir, à développer…

Liane disait avec beaucoup d’humilité : «Je viens de commencer, mes chers, vous allez devoir continuer». Les continuateurs de son travail sont confrontés à un immense héritage en charge de prendre soin et de développer encore plus son travail.

Publications

Couleur (une étude)

Écrire une préface pour un livre exceptionnel tel que celui-ci veut dire accompagner le lecteur qui pénètre dans cette sphère. C’est quelque chose d’inaccoutumé et de surprenant qui l’attend, que ce soit par la forme et le contenu, mais aussi par le sens et le but de ces vastes considérations sur les couleurs. Il est impossible de lire cette œuvre comme on lit la plupart des livres. Le lecteur devra y cheminer en s’arrêtant souvent afin de développer sa faculté de jugement par la contemplation. La couleur en tant que mouvement est le sujet principal de ce livre qui devient ainsi un chemin qui nous permet d’acquérir une connaissance plus profonde de l’ÊTRE des couleurs.

Alors que depuis de longues années, l’artiste Liane Collot d’Herbois a dispensé dans ses cours des éléments du contenu de ce livre, ces considérations tendent à saisir toujours plus profondément, et d’un regard neuf, l’être de la couleur, sa force reliant le ciel et la terre, l’homme et le monde ; cette force qui est capable de transformer les âmes. Par cet ouvrage, l’artiste nous livre en même temps les bases spirituelles de sa propre œuvre de peintre. (…)

Je voudrais conclure en disant que ce livre, à notre époque, éclaire le chemin d’une conception spirituelle future des couleurs et de ses applications dans l’art ; il représente déjà un pas significatif dans cette direction.

Margarethe Hauschka -Octobre 1979-

Lumière, ténèbres et couleurs – Thérapie par la peinture

« Les couleurs sont des pensées du cœur », c’est ainsi que Liane Collot d’Herbois caractérise la nature des couleurs. (…)

Liane Collot d’Herbois a confié le présent ouvrage sur la thérapie par la peinture, dédicacé à Ita Wegman, et paru pour la première fois en langue allemande, à la Section médicale au Goetheanum en vue de sa publication. Ce faisant elle n’a pas voulu simplement souligner qu’elle le considère comme sa contribution à la médecine d’orientation anthroposophique. Peut-être veut-elle aussi exprimer ainsi que ce livre n’est pas écrit pour les profanes. Il s’adresse aux professionnels, thérapeutes et médecins qui sont familiarisés avec les fondement de la pathologie humaine et de la thérapie. Dans ces exposés on trouve de nombreuses remarques sur les maladies et sur la thérapie qui découlent de ses recherches méditatives. Elles ne peuvent pas être appliquées en l’état mais ont besoin d’être vérifiées et transposées dans les connaissances de chacun et dans les intuitions thérapeutiques. Certes, elle indique une voie à suivre, mais elle ne présente pas de résultats transposables ou d’instruction pour l’automédication par les malades. (…)

Puisse cet ouvrage contribuer à l’approfondissement des possibilités et des facultés curatives, pour le bien des malades.

Mickaela Glöckler -Section médicale du Goetheanum, Printemps 1997

Galerie

Formation en Peinture Thérapeutique Collot d'Herbois